Réparer les vivants - Maylis de Kerangal

«  Un pan de sa vie, un pan massif, encore chaud, compact, se détache du présent pour chavirer dans un temps révolu, pour y chuter, et disparaître [..] Le passé a soudain grossi d'un coup, ogre bâfreur de vie, et le présent n'est qu'un seuil ultramince, une ligne au-delà de laquelle il n'y a plus rien de connu. La sonnerie du téléphone a fendu la continuité du temps, et devant le miroir où se fixe son image, les mains cramponnées au lavabo, Marianne se pétrifie sous le choc. »




Je voulais partager avec vous cette lecture particulière, à part qui m'a beaucoup touché. Le genre de lecture où l'on referme la dernière page en se disant: "ah oui quand même" et qui vous fait voir la vie différemment. 

Réparer les vivants, c’est l’histoire d’une transplantation, celui du cœur de Simon qui migre, comme d’autres de ses organes, vers un nouveau corps, vers une nouvelle vie. C’est l’histoire d’une souffrance indescriptible qui se transforme en un acte d’amour inconditionnel. C’est l’histoire d’un corps médical hors du commun qui seconde après seconde lutte pour prolonger la vie dans chaque cellule du corps humain aussi minuscule soit elle, défiant la destinée des êtres.


De l’accident à la transplantation, 24 heures s’écoulent en 288 pages. Le temps semble comme suspendu au fil de l’existence. Véritable course contre la montre, Maylis de Kerangal nous tient en haleine où les méditations sur la vie côtoient le spectre de la mort. Le cœur s’emballe, suffoque, s’arrête et repart. Le cœur répare aussi, une nouvelle histoire commence, un nouveau jour se lève. A l’instar de l’univers qui explose dispersant ses particules aux quatre vents, la vie se répand à l’infini comme une vague majestueuse. L’humanité est au cœur du roman, des portraits saisissants de vie si différents et qui pourtant s’imbriquent les uns aux autres pour créer un tout, une harmonie fluctueuse, vibrante. L’auteure se mesure aux plus grands : l’écriture est juste, poignante et palpitante. Elle manie les mots avec mesure pour créer une partition rythmée de noires et de blanches au ton majeur. On referme le roman à bout de souffle, oppressé, marqué par des émotions intimes et profondes. On referme le roman aussi le cœur brisé par tant de beauté et de majesté.

**Une lecture accompagnée de l'écoute de ...
Lights d’Archive sur l’album éponyme Lights. 18 minutes à écouter en boucle
Green de Solomon Grey extrait de l’album Dathanna


©Emy


Commentaires

  1. Etrangement, il ne m'a pas séduite du tout .. Loin de là même !

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  2. Moi aussi j'ai beaucoup aimé ce roman au rythme si particulier qu'il évoque les battements du coeur de Simon et nous tient en haleine. C'est la première fois que je lisais un roman de cette auteure et j'essaierai probablement d'en lire d'autres.

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