De l’Infidélité d’Amanda Sthers : le temps des questionnements

de l'infidélité
Paru en mars aux éditions Plon
230 pages

Ceux qui me connaissent savent que j’aime énormément Amanda Sthers. Découverte à un moment un peu bancal de ma vie, je suis depuis avec attention ses nouvelles sorties littéraires.
On la connaît surtout en tant que romancière, cette fois c’est avec un essai personnel qu’elle revient. Alors ça vaut quand même le coup ?


“ l'infidélité n'est pas un phénomène de société... En tout cas pas de notre société moderne. Depuis plusieurs siècles, les arts et la littérature ont suffisamment utilisé cette ficelle narrative et créatrice de l'amour trompé pour nous prouver la transgression de l'interdit et la peur de se faire attraper, qui alimentent le désir et accentuent l'excitation de l'adultère, ne datent pas d'hier. Du côté des hommes comme de celui des femmes. ”

J’ai tout de suite envie de vous répondre oui ! 
Dans ses romans, les sentiments de ses personnages sont décortiqués, tricotés avec beaucoup de minutie. Ici, ce sont les siens de sentiments qu’elle décortique ou plutôt qu’elle interroge. Et par la force des choses, les nôtres. 
Drôle d’objet que cet abécédaire qui questionne sur l’amour bien sûr mais aussi sur la fidélité et l’infidélité. C’est évident, dans nos petites têtes, ça va de pair. On ne peut séparer les réflexions de l’amour de celles de l’(in)fidélité.

Dans une société encore dominée par les tabous, les idées reçues, les religions, le conservatisme, Amanda Sthers tente de remettre à plat tout cela à travers un dictionnaire que l’on pourrait appeler le dicto de l’infidélité. De Adultère à Zeus, en passant par des thèmes qui oscillent entre littérature, mythes, rock stars, Disney, cinéma ou simplement des mots (puritanisme, batard, volage, schizophrénie…), des coutumes et usages de tous les jours (SMS, Facebook…) elle se questionne sur ce qu’est l’amour, le couple, le désir, la possession et pourquoi l’autre a-t-il envie de satisfaire ses pulsions ailleurs.  Peut-on aimer toute notre vie la même personne dans une société devenue sédentaire et connectée ? Y a-t-il un lien entre le désir et l’amour ? Quel est le poids de la religion dans tout cela ?

“ Que se passerait-il si ces hommes autoritaires laissaient leur liberté à ces femmes au lieu de bafouer leurs droits les plus fondamentaux ? Y compris d'avoir des amants avant le mariage ou même celui de tromper son mari. Que se passerait-il si les femmes disposaient de leurs corps ? Peut-être comprendraient-elles que la vérité des relations n'est pas dans la soumission, que leur désir vaut celui des hommes et que leur sexualité a les mêmes droits. Si les femmes soumises sortaient de leurs carcans, les hommes peut-être se sentiraient tout d'un coup bien seuls. Et c'est bien cela qu'ils redoutent... ”
(Au chapitre Crime d'honneur dans lequel Amanda Sthers parlent de ces femmes condamnées et tuées)

Ne vous attendez pas à des réponses toutes faites, aucune n’existe. Amanda Sthers constate, part de ses expériences personnelles, de ses connaissances et recherches, remonte le cours de l’Histoire pour nous amener à notre tour à nous interroger, poser un regard sur nos amours passées, présentes et peut-être futures. Mais nullement, cette éternelle romantique, se veut moralisatrice. Ce n’est pas le but de cet ouvrage. Le but est d’en sortir la tête pleine de réflexions, de culture aussi. De plus, si vous connaissez un peu Amanda Sthers, vous savez que l’humour fera partie du voyage ! De l’Infidélité est tout simplement le regard posé d’une femme d’aujourd’hui sur notre société actuelle et ses évolutions dont on sent, entre les lignes, que si l’idée est universelle, la base de ce livre est quant à elle toute personnelle.

Et si vous pensez que le sujet est trop lourd, picorez-le, puisqu’il s’agit d’un dictionnaire. Prenez-le dans le sens que vous voulez et papillonnez entre ces 230 pages (uniquement entre les pages !) mais ne vous privez pas d’un peu de « jus de cerveau » et de culture générale. C’est bon pour la société !

“ Dans ce monde sans reproduction sexuée, l'infidélité consisterait à transgresser les barrières zoologiques, imaginez Donald amenant Minnie en week-end ? Vous n'y pensez pas, un Blanc et une Noire ? Dans Bambi, réalisé juste avant la Seconde Guere mondiale, on percevait les effluves d'hitlérisme qu'avait respirés Walt Disney. Par la suite il a rejoint le côté lumineux, que la force soit avec Mickey ! ” (Au chapitre Disney)

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