Faire mouche de Vincent Almendros : petits secrets familiaux

Faire mouche
Paru aux Editions de Minuit - 128 pages

Décrit comme un thriller rural, auteur que je ne connaissais pas encore et lu dans le cadre du Prix Orange du Livre, Faire mouche avait donc tout pour me plaire. Mais dans les faits c’est un peu différent... 


Saint-Fourneau, un petit village qui a fait fuir certains de ses habitants et de ses commerces. Seuls quelques enracinés sont restés, fidèles. Et qui dit village dit des informations qui circulent à vitesse grand V. Alors lorsque Laurent revient dans le hameau familial pour le mariage de sa cousine Lucie qu’il n’a pas revue depuis des années et qui disons-le n’a pas vraiment envie de revoir, tout le monde est au courant. Quasiment immédiatement, on comprend que les souvenirs d’enfance de Laurent ne sont pas heureux. De vieux tourments, de vieux fantômes qui réapparaissent à peine le portail de la demeure familiale franchi. Si Laurent revient dans le pays de son enfance c’est avant tout pour voir son oncle gravement malade.
Pour se donner un peu de force probablement il y emmène Constance, sa compagne. Enfin Constance… c’est un peu plus compliqué que cela. Constance s’appelle en réalité Claire. Comprenez que Constance n’est pas la Constance qui aurait dû l’accompagner. Alors qui est cette femme ? Toute cette histoire est un peu floue et ça ne fait que commencer… Car quand on est habitué à une vie de drames, difficile d'en réchapper.

“ Cette chaleur pénétrait en moi en traversant les couches successives de mon épiderme. Mon corps s'allégeait enfin, ses contours s'adoucissaient comme s'il se confondait peu à peu avec l'air chaud qui le caressait. A bien y réfléchir, c'était exactement ainsi que j'avais espéré passer ces quelques jours avec Constance. Sa pensée ne me quittait pas. En revanche, et ceci n'avait pas été prémédité, Claire, par sa seule présence, atténuait ce manque en donnant une forme matérielle sensible qui finissait par apaiser mon esprit et adoucir la réalité, comme si la copie parvenait, peu à peu, à supplanter l'original. ”

Dans un roman minimaliste où l'écriture est liée aux non-dits et aux secrets, Vincent Almendros - on ne peut pas lui retirer cela - soigne les détails pour nous faire pénétrer dans une atmosphère pesante. L’écriture minutieuse des paysages flétris se calquent aux destins eux-mêmes flétris de cette famille ambiguë. Il révèle avec peu de mots ces sentiments que le cœur camoufle mais que le corps expulse. Crainte, tristesse, souffrance, silences trop longs, abandon. Une palette de nuances de gris virant au noir. Des mouches mortes sur le sol d’une chambre. Et des morts il y en a dans cette famille !

Moi qui suis friande des écritures qui n’en disent pas trop, des sentiments que l’on doit parfois deviner tant ils sont en retenus (comme ce fut le cas avec Son absence d'Emmanuelle Grangé par exemple, même si le thème est différent) je dois bien admettre qu’ici ça n’a pourtant pas tellement fonctionné. Il m’a manqué quelque chose de plus appuyé, plus insistant, plus enfoui pour me laisser une véritable empreinte une fois le roman refermé. 
Et même si l’atmosphère pesante du contexte familial est réussie, Faire mouche a, me concernant en tout cas, clairement loupé l'atmosphère oppressante et l'effet "apnée" ! Ça m'a même un peu agacée car je n'étais même pas à la moitié de ce court roman que je devinais avec une facilité déconcertante le final. Et pardon, mais je trouve que c'est ce qu'il y a de pire quand un roman se veut être de cet acabit là. 

En bref, un roman qui n’est pas désagréable à lire, qui a des qualités mais j’avoue ne pas trop comprendre tout l’engouement autour.  Il faut croire que Vincent Almendros a raté sa cible avec moi et si j'ose dire (mais je vais oser, vous connaissez) n'a pas fait mouche.

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