Inauguration de l’ennui de Guillaume Siaudeau : à consommer sans modération

Inauguration de l'ennui
Paru chez Alma Editeur - 133 pages


Il semblerait que 2018 se profile comme mon année poésie et je ne boude pas mon plaisir ! J’ai pris l’habitude de lire Guillaume Siaudeau à travers son blog La Méduse et le Renard, des pensées poétiques jetées là sur la toile qui font immédiatement leur effet en trois, quatre, cinq lignes. Alors quand j’ai vu que Babelio proposait Inauguration de l’ennui pour son opération Masse Critique, je n’ai pas hésité. C’était l’occasion parfaite de découvrir plus longuement l’auteur. 


« Floc 
C’est la goutte
de rosée
qui fait déborder
le jour »

Instantanément on retrouve cette plume subtile qui illustre son blog. Loin du classique, des rimes et des vers bien ordonnés. La poésie n'a d’ailleurs pas besoin de cela pour en être et je pense que c'est encore comme ça que je la préfère. Une poésie qui n'obéit à aucune contrainte, qui ne demande qu’à vous porter dans un univers fleuri d’une langue qui vous happe, qui se fait l’éclaircie d’une journée maussade. Guillaume Siaudeau joue avec la langue pour nous offrir tour à tour un peu de mélancolie chassée par un humour délicieux où la touche de folie vient chatouiller nos zygomatiques. 
Il façonne le quotidien en quelques lignes à peine. Pas toujours rose, pas toujours gris non plus. Le quotidien comme nous le vivons, simplement, durement, follement. Un quotidien parfois ennuyeux. Mais c’est beau l’ennui. Ça s’observe l’ennui, ça se vit. Ça se savoure. Et l’auteur l’a bien compris, il en fait sa base dans ce recueil.

« En lieu sûr 
Nous vivons planqués
quelque part
à égale distance
de nos rêves et
de nos démons »

Petites attentions, petits riens. Ode à la nature, à nos villes, à la vie, à l’homme, à son incohérence aussi. Hymne à l’amour, à la tristesse, à ces rêves qui accompagnent nos nuits et nos vies. Déclaration d’amour au temps qui passe, qui s’enlise, qui s’emballe. Oui Inauguration de l’ennui est tout ça à la fois. Je ne vous raconte pas la complexité de vous choisir certains extraits plutôt que d’autres. Ils se dégustent tous avec le même appétit. Ce recueil est comme un petit bonbon que l’on garderait en bouche pour en saisir l’explosion des saveurs sucrées.  

Et j’étais tellement bien au creux de ces pages que j'ai dévoré dans un premier temps chaque poème. Frénétiquement. Je ne pouvais plus m’arrêter. Je m’enfilais shoot de poème sur shoot de poème. J’étais accro. Arrivée à la dernière page, je l'ai refermé, je me suis servie un verre de vin. Je l'ai rouvert et je l'ai savouré, par petite touche, jusque tard. Il a accompagné mon insomnie. Et c'est une certitude, là, entre les draps froissés, j'étais vraiment bien accompagnée.
Je pense que cette nuit-là, en lisant ce recueil, mais encore plus en lisant son mot de fin "Lignes de fuite" qui est tel un poème, je suis tombée définitivement en amour. D'une plume, d'un verbe, d'un style brodés avec l'ennui.

« GPS 
Au prochain
ennui mortel
tournez en rond »

Et que vive l'ennui !


Faut-il encore vous convaincre ? Aucun problème, ce n'est pas Sabine du blog du Petit Carré Jaune (chronique ici) ni même Alexandra du blog Bric à Book (chronique ici) qui me contrediront. 

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