Là où l'histoire se termine d'Alessandro Piperno : une fresque romaine contemporaine



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Dans ce roman résolument moderne, Alessandro Piperno peint une fresque familiale où le lecteur suit les personnages centraux qui la compose. Matteo Zevi en est le personnage fondateur. Cet homme, portrait stéréotypé de l’italien juif bourru, marié à 3 reprises, a quitté Rome, sa femme et ses enfants pour la Californie à la suite de quelques dettes non acquittées auprès d’un homme qu’il vaut mieux ne pas fréquenter.
Seize ans plus tard, à la mort de son créancier, Matteo décide de revenir à Rome et de reprendre contact avec sa famille : Frederica, sa deuxième femme qui par amour n’a jamais demandé le divorce ; Martina, sa cadette marié au frère de sa plus fidèle amie, un homme attentionné et amoureux ; puis Giorgio, son fils aîné, devenu patron de très célèbres restaurants, pour qui la carrière est primordiale et passe bien souvent avant sa belle épouse.

C’est à partir de Matteo que découle le portrait de chacun de ces personnages. Très rapidement on comprend que ces retrouvailles ne seront pas celles, joyeuses, qu’espèrent toutes familles. Avec beaucoup de minutie, Alessandro Piperno façonne chacun de ses héros et plonge au plus profond de leurs âmes pour laisser transparaître cette nature humaine qui nous caractérise tous, avec les doutes, les colères, les peines et les joies. Chacun de personnage soulève des questions qui forgent notre société moderne : la peur de vieillir, l’émancipation, l’orientation sexuelle, l’accession sociale ou encore la paternité… Des questions qui finalement nous ramènent à nous interroger sur le bonheur. Thème ô combien universel et intemporel.
“ Elle se découvrait invincible juste au moment où elle remettait sa vie entre les mains de quelqu'un d'autre, comme s'il existait une passerelle idéale entre la force et la fragilité, la détermination et l'abandon.”
Puis contre toute attente … Ce que j’ai pensé être une farce romaine moderne, un roman mêlant réalisme grinçant et caricature de la société italienne et bourgeoise a bien vite tournée au cauchemar à la lecture de la troisième partie. Totalement inattendue et brillamment écrite, la tragédie s’abat sur le lecteur comme la foudre. Une tragédie qui m’a cependant mise extrêmement mal à l’aise, ravivant des souvenirs encore ancrés trop profondément en moi. C’est dans la toute dernière partie que j’ai pu reprendre mon souffle et mes esprits. Lors de l’après, lors de la reconstruction, car celle-ci arrive toujours, quoi que l’on vive. Et c’est peut-être bien là le message que cherche à faire passer l’auteur.

En définitif, et malgré cette phase dérangeante, Là où l’histoire se termine reflète brillamment notre société occidentale et nos imperfections. Le tout avec tendresse et dérision.

Commentaires

  1. Je l'ai remarqué lors de mon dernier passage en librairie... Tu confirmes !

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    1. Ah je pense qu'il pourrait te plaire mais je n'en mettrai pas totalement ma main à couper malgré tout. Il se peut qu'il te manque un petit quelque chose, ce que je comprendrais d'ailleurs.

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