Atelier d'écriture #237 de Bric à Book | Les promesses

Chaque semaine, Leiloona du blog Bric à Book organise un atelier d'écriture. Le principe : à partir d'une photo, sélectionnée une semaine à l'avance, proposer un texte au ton et genre de notre choix. De quoi éveiller notre imagination :-)
Jusqu'ici je regardais chaque semaine les photos passer, sans jamais oser me lancer. C'est chose faite désormais, espérant que cela vous plaira.


Les promesses...

Rien n'a vraiment changé sur cette terre chantante au son des grillons. Rien si ce n'est quelques bâtiments hissés toujours plus haut pour satisfaire le tourisme estival.
Là sur la falaise, le regard porté au loin j'aperçois ce même bateau, peut-être un peu plus gros, qui chaque année nous déposait sur cette terre ensoleillée et colorée. Je te revois papy, venir nous chercher sur le port, direction la grande demeure familiale.

J'ai sur cette terre, au cœur de ce paysage, l'ivresse de mon enfance. Nos étés d'autrefois me laissent un goût d'inachevé. Il est bien loin ce temps où tous ensemble nous étions réunis, les anciens attablés à l'orée du grand peuplier, et nous enfants, sœurs, cousins, cousines, loin des tourments de la vie, nous jouions à de quelconques jeux pourvu que nous courions à en perdre haleine. Ce temps de l'insouciance ...

Aujourd'hui, postée à cet endroit qui fut ta maison, je repense à toi, à ces promesses que nous nous étions faites rien que toi et moi papy, rien que toi et moi. Là sur tes épaules, je m'émerveillais de toutes ces couleurs et de ces odeurs, la tienne surtout, mélange d'eau de toilette et de Gauloise. Tu me racontais l'histoire de cette ville chère à ton cœur. Tu me faisais promettre de toujours y venir quoi qu'il arrive.
« Pourquoi tu dis quoi qu'il arrive papy ?
- On ne sait jamais de quoi demain sera fait ma poupée. Alors promets-le moi fort fort.
- Promis papy, je viendrai te voir tous les ans jusqu'à ce que, comme toi, j'ai des cheveux gris sur la tête »

Après ton départ, j'ai trahi ma promesse papy. Je ne suis plus venue, personne n'est plus venu. Ton absence était trop grande. 
Il était temps pour moi de tenter de rattraper ma faute. Treize ans se sont écoulés, treize longues années et rien n'a vraiment changé si ce n'est qu'aujourd'hui tu n'es plus à mes côtés. Mais je peux encore ta voix rauque, je peux encore sentir ta grande main usée par la vie se poser sur mon épaule. Et je savoure ce parfum de mon enfance avec une part de toi à côté de moi.

« On y va mon amour ?
- J'arrive, juste une minute ...»

Promis papy, je viendrai te voir tous les ans jusqu'à ce que, comme toi, j'ai des cheveux gris sur la tête ...   

Commentaires

  1. C'est bon de revenir sur ses terres, de savourer un chez soi qu'on a mis du temps à retrouver ... 13 ans, un cycle oui ... Le tout n'est-il pas d'y revenir ? ;)

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    1. Exactement, y revenir et savourer. Le tout étant de ne jamais oublier :)

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  2. Quel joli texte, hyper touchant et bien écrit. Bravo.

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    1. Merci beaucoup Virginie. J'ai mis du temps à oser participer à cet atelier mais me voilà lancée :-p c'est un peu grâce à toi aussi alors merci :-)

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    1. Merci Adrienne, je suis contente de voir qu'il a procuré l'effet escompté. A mon tour désormais d'aller lire vos textes à toutes et tous :)

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  4. On fi nit toujours par vouloir revenir sur ses terres premières! De belles émotions !

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    1. Oui toujours ne serait-ce que pour sentir encore un peu la présence de ces êtres chers. Merci de m'avoir lu.

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  5. "nous enfants, sœurs, cousins, cousines, loin des tourments de la vie, nous jouions à de quelconques jeux pourvu que nous courions à en perdre haleine. Ce temps de l'insouciance " : comme il est doux et bon ce moment ! Merci pour le souvenir et bravo pour ton texte très touchant ! Nady

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    1. Merci beaucoup Nady je trouve qu'il est important de garder en mémoire les instants d'innocence. On grandit si vite et les choses changent tellement..

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  6. Le tout, c'est de ne pas oublier et de rester fidèle, et cette mémoire, elle nous permet de grandir aussi tout en restant fidèle à son enfance. Belle idée !

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    1. Exactement Manue, la mémoire est notre plus bel "outil" pour garder un pied dans les souvenirs et un autre dans le présent & l'avenir.

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  7. Je suis loin de mes racines, c'est une souffrance , même si mes branches poussent et s'étendent ici... Merci pour ce magnifique texte !

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    1. Merci Nath, il est difficile d'être loin de son premier chez soi, ou des gens qui nous entourent mais on a toujours un petit bout d'eux avec nous :)

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