Moi, Peter Pan de Michael Roch : retour en enfance avec nos yeux d’adultes

Paru aux éditions Le peuple de Mü
136 pages

Chronique particulière avec ce livre proche de la novella, de l’univers fantastique et imaginaire. Pardonnez si le vocabulaire n’est pas exact mais ce n’est pas le type de roman que j’ai l’habitude de lire. Et pour cause, je vous raconte un peu l’histoire. 

C’était début septembre, je rejoignais un vieil ami (très vieil ami, il appréciera) pour boire un café et parler littérature. Car le vieil ami en question est aussi blogueur (par ici pour découvrir son monde). On s’installe et je vois un petit livre à la couverture noire posé sur le bois. Je me dis que c’est sa lecture du moment (naïveté quand tu nous tiens)... Mais non, le vieil ami s’est mis en tête de me le faire découvrir, persuadée qu’il me plaira malgré un univers qui m’est totalement inconnu et qui au premier abord ne m’attire absolument pas. Bon je ne me vois pas refuser et puis c'est l'occasion de découvrir autre chose, alors je l’embarque, je l’ouvre avec une certaine crainte et puis … Le charme opère. 

Moi, Peter Pan revisite ou plutôt poursuit le mythe bien connu de Peter Pan, cet enfant qui ne veut pas vieillir. On y retrouve ici toute l’atmosphère et les sensations de notre enfance mais également la fantaisie et les personnages créés par James Matthew Barrie. Et quel émerveillement de retrouver le Pays Imaginaire, ses gamins aux têtes pleines de poux, Lily la Tigresse, les Peaux-rouges ou encore Clochette. Mais dans cette version, le temps a passé, inévitablement, et Wendy n’est plus là. Cette petite fille qui savait apaiser les doutes, régir la vie de ces mômes démunis, aspirait à une autre vie. Elle n’est plus qu’un douloureux souvenir. Un souvenir qui laisse des traces encore profondes dans le village de Cocabanes. Alors Pan et ces enfants se retrouvent à nouveau orphelins, dévorés par les petites bêtes dans leurs ventres qui posent leurs angoisses. 
“ - Libère-moi, s'il te plaît. Je suis pétrifiée.
Je viens la prendre dans mes bras, tout contre moi.
- Tu es déjà libre, lui soufflé-je dans l'oreille. Être libre, ce n'est pas avoir la possibilité d'hésiter, mais c'est de pouvoir accomplir ce que l'on a choisi. Se battre ou fuir. ”
Bien sûr revisiter le conte n’est pas suffisant pour faire un bon roman. Surtout que Moi, Peter Pan n’est pas un livre pour enfant. Michael Roch à travers l’universel et l’intemporalité du conte soulève de réels questionnements qui nous tiraillent une fois adulte. Chaque chapitre donne lieu à une nouvelle aventure, à un paysage à la beauté fascinante, à de nouvelles interrogations qui ensemble constituent le chemin de la vie. Avec une poésie délicieuse et un humour irrésistible, il émerveille son lecteur en même temps qu’il lui tend un miroir pour y plonger. Pour observer, mettre le doigt sur nos peurs, nos doutes, nos espoirs. Pour prendre conscience de l’importance de ce qui peut nous sembler être des détails. Et évidemment, il aborde l’amour, son manque, la souffrance qu’il peut causer, le désir qu’il suscite. C’est ainsi que l’on constate que bien malgré lui, Peter Pan grandit. Et que l’on a grandi avec lui. 
“ Un être peut n’avoir fait que passer dans ta vie, il peut avoir marqué au tison l’envers de ta carcasse, l’important, ce n’est ni lui, ni toi. L’important, c’est cette toile tissée entre vos deux âmes, ce tableau immatériel sur lequel vous aurez peint tous vos échanges. L’important, c’est ce lien. ” 
C'est une évidence, le talent transpire dans chacune de ces pages, avec un langage tantôt enfantin, tantôt complexe qui nous bouscule autant qu’il nous fait rêver. Poète contemporain et contemplatif, Michael Roch parvient à faire évoluer une œuvre majeure sans jamais la dénaturer. 
Et si comme pour moi, le domaine de l’imaginaire n’est pas votre credo, vous ne regretterez pas un instant d’être sortie de votre zone de confort pour découvrir ce roman aux métaphores éclairées et qui scintille telle une étoile dans la nuit bleue.

Commentaires

  1. Réponses
    1. Chouette alors :) il y a beaucoup de poésie dedans et je pense que c'est ça qui fait toute la différence entre du fantastique pur et ce genre de petite pépite. Et donc que ça peut plaire à des lectrices comme nous :)

      Supprimer
  2. Je suis un peu comme toi, ce n'est pas forcément mon univers... J'ai déjà, comme chacun de nous, une pal titanesque, mais pourquoi pas...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En fait je n'ai pas eu le choix. Il m'a menacé. Non plus sérieusement, j'étais franchement sceptique mais je savais que s'il me demandait de prendre le temps de le lire c'est qu'il en valait la peine et il avait raison.

      Supprimer
  3. En tout cas, cette chronique donne envie de s'y plonger. Moi, en tout cas.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh bien laisse toi tenter. Ça fait parfois grand bien de découvrir d'autres univers :)

      Supprimer
  4. Hello,
    Je connaissais ce livre de nom et un petit peu l'histoire mais sans trop m'y intéresser, moi qui a pourtant adoré l'original de James Matthew Barrie. Et là, juste avec ton article et tes mots, l'ouvrage se présente dans ma wishlist alors merci à toi.
    Belle journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hello Julie,
      Fonce alors il ne pourra que te plaire. Surtout qu'il ne dénature pas l'œuvre originale, il la modernise je trouve.

      Supprimer
  5. Ça donne tellement envie ^^.
    Belle chronique !

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés